26 juin 2006

La nouvelle arme secrète de Google

Google construit un gigantesque "data center" dans l'Oregon. A proximité d'une centrale hydroélectrique, cette "usine à octets" traitera des milliards d'informations chaque jour. Google disposerait d'une force de calcul colossale de 450.000 serveurs dans le monde.

Deux gigantesques bâtiments de la taille d'un terrain de football (la construction d'un troisième est à l'étude) doivent accueillir d'ici à la fin 2006 d'interminables rangées de PC à Dalles, dans l'Oregon. Leur mission : traiter et stocker les milliards d'informations que les internautes exigent de Google chaque jour. Car derrière la page d'accueil toujours épurée du moteur, les infrastructures déployées pour servir en quelques millièmes de seconde des résultats des recherches, des vidéos en ligne, des services de courriel, de chat, ou de navigation par satellite, n'ont plus rien de virtuelles. Pour encaisser la charge, Google comme les autres géants de l'Internet sont contraints de construire de véritables usines à octets dont l'implantation, comme dans tout autre industrie, ne doit rien au hasard. Situé sur un nœud de fibre optique sous-exploité, Dalles s'est surtout imposé par sa proximité avec une centrale hydroélectrique qui assurera l'alimentation en énergie de ce « data center », rapportait mardi le New York Times.

Hors norme, ce nouveau centre n'est toutefois qu'un maillon de la puissance de calcul colossale de Google. En 2001, le moteur reconnaissait disposer de 8000 serveurs. Puis dépassait les 100.000 deux ans plus tard. Depuis, les chiffres se font plus rares. Indicateurs flagrants et hautement stratégiques de la santé et des ambitions de l'entreprise, ils relèvent tout simplement du secret industriel. Pour preuve, le maire et les conseillers de Dalles s'étaient engagés à ne pas se répandre sur l'arrivée de ce puissant voisin, qui devrait créer de 60 à 200 nouveaux emplois dans une ville de 12.000 habitants. Car les concurrents sont à l'affût. Selon les estimations du New York Times, Google compterait aujourd'hui 25 « data center » autour du monde, représentant environ 450.000 PC. A titre de comparaison, les activités Internet de Microsoft reposent actuellement sur une galaxie de 200.000 serveurs, qui devrait être portée à 800.000 en 2011.

Mais la rivalité ne se résume pas à des chiffres. Contrairement à ses concurrents, Google a choisi de constituer son réseau grâce à des serveurs d'entrée de gamme. Peut-être moins rapides, ces PC sont surtout moins chers à l'achat (autour de 1000 euros) et moins gourmands en énergie, ce qui permet d'assurer une redondance des informations et donc de minimiser les effets des pannes. En clair, lorsqu'un ordinateur plante, au moins deux autres sont là pour prendre le relais. D'où, en partie, les 30 hectares réservés pour l'installation de Dalles. L'an dernier, dans une rare sortie, Urs Hoelzle, alors vice-président de l'engineering de Google, indiquait que ces machines tournaient sur une distribution Red Hat de Linux, mais dans une version spécialement modifiée par Google, avec un système de fichier dédié à ces tâches d'hébergement. Le vrai Google OS, en somme.

Benjamin Ferran